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Les bénévoles sont le cœur de Rivage, voici quelques témoignages des richesses qu'ils trouvent dans leur engagement auprès des personnes les plus vulnérables
Nous ne connaissons pas le son de leur voix : ils ne parlent pas. Leurs corps semblent figés dans du marbre, sauf parfois un avant-bras ou la tête encore libre de se mouvoir. Leurs pieds ne savent plus marcher. Leur intelligence est généralement très altérée, leur attention perpétuellement fluctuante. Ils habitent des murs de solitude, mais ils sont bien vivants. Ils ont pourtant été étudiants, père ou mère de famille actifs dans leur métier, motards, musiciens, passionnés de voile...Un jour, d'un coup, un problème de circulation a fauché leurs univers, un accident vasculaire cérébral, un accident de la voie publique, un choc violent sur la tête, une chute dramatique....
Leur vie s'étire plusieurs années, voir plusieurs décennies, jour après jour, dans un dénuement absolu et irréversible. Ils sont bien vivants, mais ils ont impérativement besoin de notre solidarité à nous, soignants, famille, société, bénévoles.
Nous leur parlons, nous voulons leur apporter l'air du temps, les bruits de la ville ou de la planète, le printemps, la neige, l'oiseau qui passe, les feuilles des arbres qui frémissent; avec eux, nous devenons attentifs à la vie du monde, dans des recoins inexplorés.
Ils nous apprennent à partager leur silence, à simplement respirer le même air qu'eux, à être ensemble.
Ils "sont". Nous "sommes"à leurs côtés. Leur mort est comme toutes les morts : une déchirure...pour leur famille, pour les soignants, pour les bénévoles.
J'ai découvert le rôle du bénévole d'accompagnement à l'occasion des grands débats de société de ces dernières années sur la fin de vie, et j'ai assisté à des conférences publiques pour comprendre les enjeux et la réponse législative. Je voulais m'engager et pensais avoir des qualités personnelles d'ouverture et d'écoute qui me le permettraient.
Ma motivation a été au départ un besoin de partage et de solidarité. Par la suite, la formation à laquelle j'ai participé m'a permis de clarifier mon projet, et de prendre conscience que le bénévole recevait dans la relation au malade autant qu'il donnait. Je suis aujourd'hui pleinement satisfait : la vie de l'association, l'accueil que nous réservent le personnel soignant et les rencontres avec les malades sont riches d'expérience de vie.
Les raisons pour laquelle nous choisissons ce bénévolat sont multiples et variées, mais il y a une conviction que nous partageons tous : la vie est précieuse et unique et doit être préservée et accompagnée, le moment venu, jusqu'au bout, avec respect et dignité.
Une excellente formation au sein de notre association m'a permis de bien commencer mon bénévolat, il y a 8 ans maintenant. Nous sommes bien accueillis dans notre établissement par le personnel médical, ce qui nous aide beaucoup.
Mais le plus touchant et le plus valorisant, c'est l'accueil fait par les malades, souvent surpris au départ, mais aussi reconnaissants et heureux de pouvoir parler et s'exprimer, ou simplement partager un moment, même silencieux, avec une personne qui apporte un peu la fraicheur de l'exterieur et qui écoute avec une oreille neutre et bienvaillante.
Ces visites sont de merveilleux cadeaux de la vie pleine d'humanité et de partage.
Depuis des années j'accompagne, avec une équipe de 7 bénévoles, des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou maladies apparentées. Hier et demain n'ont plus de sens pour ces personnes désorientées. Elles peuvent être joyeuses un moment, et quelques instants plus tard une colère, une révolte, une angoisse profonde les assaillent et laissent place aux larmes, que nous essuyons avec le plus de tendresse et de bienvaillance possible. Ils ont été ingénieur, professeur, coiffeur, vétérinaire en Afrique, mère au foyer, militaire, coureur cycliste etc...De cela, il ne reste que des bribes, que nous essayons de leur faire remonter par des livres, des jeux, des questions, des chants, de la musique. Certains connaissent encore les fables de La Fontaine, d'autres ont oublié le prénom de leurs enfants..
Souvent la parole est confuse, de cela nous en tirons l'essentiel qui nous permet de rebondir et de continuer nos discussions à batons rompus, pas toujours très cohérentes. Ce n'est pas grave, l'important est d'être là, de rire avec elles, d'écouter leurs commentaires souvent très drôles et pleins d'humour. Ces moments passées avec elles chaque semaine sont, pour nous toutes, sources de joies et nous savons qu'elles attendent nos mains, nos sourires : c' est le plus beau des cadeaux.
J'ai demandé à un homme que je visitais de quoi il avait besoin. Il m'a répondu qu'il avait "besoin d'amour". Mais en fait c'est lui qui me donnait tout l'amour dont il avait besoin. Je n'étais là que pour lui permettre de donner, d'exister jusqu'à la fin.